L’ éternelle question que l’on se pose, lorsqu’il s’agit de se procurer du miel, est : est ce que c’est bien du miel ? Et ensuite, est-ce que ce qui est dans le pot est bien ce qui est marqué sur l’étiquette ? En effet ce n’est pas simple dans le monde d’aujourd’hui d’être certain de ce que l’on achète, tant en terme de qualité que d’authenticité. Il existe pourtant des moyens de garantir au consommateur le contenu d’un pot, voici comment…
Lorsqu’on veut se procurer du miel, le mieux est toujours d’aller chez un apiculteur. De lui demander combien de ruches il exploite et où elles se baladent… (pour le vérifier, sachez que chaque apiculteur déclare annuellement ses ruches et ses ruchers, c’est une obligation légale, pour des raisons d’
assurance en responsablilité civile (RC) et sanitaires…).
Et aussi, comment il écoule son miel… évidemment, quelqu’un qui va être présent toutes les semaines sur plusieurs marchés ne peut garantir d’avoir toutes ses références toute l’année notamment en raison des aléas de récolte (pluie, sécheresse, gel, canicule…) et aussi du fait que pour avoir beaucoup de variétés et de quantité il faut surtout être sur le terrain et pas sur des points de vente… L’achat-revente n’est en soi pas répréhensible à condition de respecter les
règles d’étiquetage, et de s’acquitter des charges sociales et fiscales correspondant à une activité commerciale, et non agricole ou de production au sein de l’exploitation (
forfait micro BA)…
Un apiculteur qui voudra s’assurer de, et garantir à sa clientèle la qualité et l’origine de ses produits fera nécessairement appel à un bureau de contrôle et des laboratoires pour analyser régulièrement ses produits (
IGP : provenance…) ou occasionnellement, en cas de doute sur l’appellation sur une récolte (par exemple nectar versus miellat…). Naturellement cela a un coût…
En ce qui concerne l’adultération, rare mais pas impossible, volontaire (fraude) ou involontaire (défaut de maîtrise par excès de nourrissement au printemps), les laboratoires comme
AB labo savent détecter en dessous du seuil de 1% et le fait de livrer du miel en vrac à une
coopérative donne également des assurances dans la mesure ou les futs livrés aux conditionneurs font souvent l’objet de contrôles approfondis.
De ce fait, faire confiance à un apiculteur qui ne fait jamais d’analyses, c’est assumer le risque d’une triple incertitude : d’où vient-il ? de quelles fleurs (appellation) ? Est il adultéré ?….Chaque apiculteur doit tenir à jour un registre d’élevage annuel où sont consignés les nourrissements, les transhumances, les traitements, et un cahier de miellerie où sont consignées les récoltes et les conditionnements… Sans cela, aucun élément tangible ne peut permettre de garantir le contenu ni son origine dans le pot…
Il est naturellement impossible de contraindre les abeilles à aller butiner là ou l’on voudrait qu’elles aillent… néanmoins et d’un point de vue technique, il est quand même possible de s’assurer qu’elles ont majoritairement butiné ce qu’on recherche, en sélectionnant les emplacements par leur densité florale, en transhumant au démarrage de la floraison (et pas 2 semaines avant…) et en récoltant dès la fin de la ressource (et pas 2 semaines après…) quitte à devoir sécher le miel en miellerie. Et en cas de doute, faire analyser… Sur lavande par exemple, on peut trouver, avant floraison, du sainfoin, de la luzerne, de la sauge… et après, du tournesol, du fenouil etc… bref et c’est pareil pour toutes les miellées : le romarin avec des crucifères, l’acacia avec du colza, le châtaignier avec du tilleul, de la ronce ou de la bruyère…
Bref la rigueur n’est possible que lorsque l’on n’a pas trop de ruches à transhumer d’un coup sur la même miellée…sinon, soit on rate de la récolte (arrivée trop tard car en plusieurs fois), soit on risque de mélanger une appellation avec d’autres fleurs (arrivée trop précoce ou récolte trop tardive ou trop longue…).
Et pour obtenir une diversité de miels en quantité suffisante, il faut néanmoins suffisamment de ruches… des approximations simples permettent de se faire une idée de la cohérence : si on vend 40 pots sur un marché (20 kilos pour 400 euros), il faut une récolte annuelle de 1,8 à 2 tonnes minimum, donc 100 ruches en production (200 au total, dont 70 essaims minimum pour l’année suivante et 30 ‘non-valeurs’) … pour un rendement de 20kg à la ruche et à l’année en Provence (c’est la moyenne selon la dernière enquête des ADA), les meilleurs ou les plus chanceux pouvant éventuellement atteindre 30 voire 40kg les meilleures années…
Et n’oubliez jamais qu’un apiculteur qui s’engage dans une démarche de qualité, qui se soumet à des contrôles, et qui procède à des analyses, met tout en oeuvre pour travailler correctement et obtenir les résultats et la qualité attendue….